L’HISTOIRE DE LA MARINE – de 1700 à 1850
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1750. Ketch (origine anglaise)

 

À côté des bâtiments de haute mer, il existait différents types de petits navires dont il ne faut pas négliger le rôle. Leur importance n’est pas comparable à celle des vaisseaux, mais en ne parlant que de ces derniers on pourrait créer l’impression — combien fausse — qu’eux seuls existaient. Le Ketch, dont le véritable nom français est quaiche ou caiche, est un de ces petits bâtiments, d’origine anglaise, spécialement destiné à naviguer sur les côtes de la Manche et dans la mer du Nord. Son gréement est très particulier. Il se caractérise par l’absence du mât de misaine dont la disparition remonte, en fait, à la fin du XVIIe siècle, avec les galiotes à bombes de Duquesne sur lesquelles devaient être embarqués de gros mortiers. Ces mortiers, placés sur le pont, à la place du mât de misaine, permettaient de tirer par l’avant et de ne présenter qu’une face étroite à l’ennemi. Les Anglais appelaient d’ailleurs ce type de navire « bomb ketch ». Le Ketch était donc utilisé pour la guerre (il était alors armé de 6 à 12 canons), mais aussi pour le commerce et la pêche, notamment la pêche harenguière. Ses dimensions étaient variables, puisqu’il pouvait jauger 30, 50, 100 et même jusqu’à 200 tonneaux. Il portait deux mâts : le grand mât, au centre, avec grand-voile (voile aurique à corne), hunier et perroquet, et le mât d’artimon, plus petit, emplanté sur l’avant de l’étambot, avec brigantine (voile aurique) et perroquet de fougue. Son beaupré, très peu relevé et assez long, servait de point d’amure à deux focs et une trinquette. C’était un gréement très avantageux, surtout par vent arrière, et peu de petits bâtiments offraient une telle surface de voilure. On comprend donc pourquoi, dès cette époque, un certain nombre de bâtiments de plaisance furent gréés en ketch. C’était déjà le cas, à la fin du siècle précédent, pour l’un des yachts du roi CHARLES il dont il nous reste une maquette construite quelques années plus tard, au temps de la Reine ANNE. Deux répliques de ce jack furent offertes à LOUIS XIV par le Roi d’Angleterre ; elles étaient destinées à la flottille du grand canal de Versailles.