L’HISTOIRE DE LA MARINE – de 1700 à 1850
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1750. Chébec (Méditerranée)

 

PLUS grand que le Ketch, le chébec avait des formes extrêmement élégantes et élancées, qui l’apparentaient aux galères. C’était un petit navire léger, jaugeant de 300 à 400 tonneaux, employé comme bateau de guerre et de « course ». Remontant bien le vent grâce à ses voiles latines, il servait aux corsaires barbaresques à terroriser tous les navires s’aventurant sur les côtes africaines de la Méditerranée. Les équipages capturés étaient emmenés en esclavage ; ce n’est qu’en 1830 que la France, par la conquête de l’Algérie, fit cesser ce brigandage et libéra tous les esclaves. Sur le chébec, le rapport longueur/largeur est de un à quatre. Son étrave se prolonge par un éperon tout à fait semblable à celui d’une galère et dont on n’use plus comme d’une arme, mais pour amarrer le point d’amure de la voile latine du mât avant. À l’arrière, le bastingage dépasse de la coque et encadre un plancher de caillebotis en porte-à-faux au-dessus de la mer. Sur le pont, de petits canons sortent par des sabords dont les mantelets s’ouvrent latéralement. Entre les sabords des canons, d’autres petits sabords laissent passer les avirons qui, en cas de calme, sont manœuvrés par les matelots debout. Le gréement du chébec a beaucoup évolué tout au long de son existence. À l’origine il portait trois voiles latines sur des mâts à pible, c’est-à-dire d’une seule pièce. Celui de trinquet, le plus proche de la proue, était très incliné sur l’avant. Au cours du XVIIIe siècle, sur les côtes d’Espagne, le trinquet fut redressé et on ajouta à l’avant un beaupré portant un foc : c’est le chébec mistic. À la même époque, en France et en Italie, on voulut utiliser les qualités nautiques du chébec pour le transformer en bâtiment de commerce. On changea donc son gréement en remplaçant la voile latine du grand mât par deux ou trois voiles carrées. On en fit parfois autant sur le trinquet redressé, en ajoutant, comme en Espagne, un beaupré et un foc. Malheureusement, ces modifications lui firent perdre sa vélocité, et le chébec disparut peu à peu de la Méditerranée.