L’HISTOIRE DE LA MARINE – de 1700 à 1850
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1706. Le Lis, vaisseau français à deux ponts.

 

Au début du XVIIIe siècle, les progrès réalisés en matière de construction navale et de navigation entraînent un accroissement notable de la puissance maritime. Les installations des arsenaux sont encore assez rudimentaires, mais le corps des constructeurs est déjà bien organisé. Les navires sont construits selon des plans et non plus au moyen de gabarits. Le métier de marin se perfectionne également. Il existe désormais des écoles, ancêtres de l’École Navale, où les futurs officiers étudient et passent des examens. Cela ne se fit pas sans résistance, tant il est vrai que la théorie ne suffit pas à faire de grands marins et qu’on en avait connu de prestigieux avant le XVIIIe siècle. Ce n’est pas la science seule, par exemple, qui expliquerait la suite ininterrompue des exploits de DUGUAY-TROUIN. Né en 1673, celui qu’on a nommé le « roi des corsaires » est marin depuis l’âge de 17 ans. En 1711 il atteint le sommet de la gloire en accomplissant cette prouesse extraordinaire : le forcement et la prise de Rio de Janeiro. À bord du Lis, de 74 canons, qui depuis son lancement en 1706 fait partie de sa division, il dirige une escadre de sept vaisseaux, six frégates, une galiote à bombes et deux traversiers — flotte équipée aux frais des négociants de Saint-Malo. Le 12 septembre 1711, DUGUAY-TROUIN se présente dans la baie de Rio pour délivrer un autre Français, Du Clerc, qui avait échoué dans son projet de s’emparer de la ville et se trouvait, lui et ses hommes, prisonnier des Portugais. Malgré une défense formidable des batteries de côte et de l’escadre portugaise, DUGUAY-TROUIN réussit à forcer les passes et débarque avec 3 300 hommes du corps expéditionnaire. La ville de Rio doit se rendre. Il y a peu de cas, à cette époque, d’une flotte venant ainsi à bout de défenses terrestres et DUGUAY-TROUIN fit, avec son escadre, une rentrée triomphale à Brest le 6 janvier 1712.