L’HISTOIRE DE L’AVIATION – des origines à 1914
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1913. Monoplan « Parasol » type L des frères Morane (France)

PARMI les pionniers de l’aviation, nombreux furent les « tandems » fraternels : ainsi des frères Wright, Voisin, Farman, Tips, Nieuport, Dufaux, Short, Morane... Ces derniers, Léon et Robert MorANE, fervents de l’aéronautique, s’étaient lancés en 1908 dans la construction d’un appareil qui fut terminé l’année suivante. Comme le « Nieuport » récemment sorti et dont il rappelait les lignes extérieures, c’était un produit tout à fait typique de l’école française. L’engin connut très vite de grands succès, dus à des performances brillantes et spectaculaires comme l’audacieuse traversée de la Méditerranée que réussit, le 23 septembre 1913, le grand pilote Roland Garros à bord d’un Morane-Saulnier à moteur Gnôme-Rhône de 60 CV. La même année, du 10 juin au 2 juillet, Brindejonc des Moulinais effectuait à bord d’un avion semblable un circuit qui fut appelé « le tour des capitales » et qui le conduisit de Paris à Saint-Pétersbourg et retour en passant par Berlin, Friedland, Stockholm, Copenhague, Hambourg, La Haye et Bruxelles. Enfin, un jeune pilote, Marc Pourpe (qui devait disparaître accidentellement en décembre 1914 sur le front de la Somme) réussissait un raid magnifique de 4.500 km. jusqu’à Khartoum, dans le Soudan anglo-égyptien. Ces exploits avaient rendu célèbres le nom des MorANE et celui de leur associé, l’ingénieur SAULNIER. En 1913, cette équipe construisit un nouvel appareil destiné à l’armée, le Morane dit « Parasol » en raison de la forme qu’avait son aile, haute et articulée. C’était le type L, dont 589 exemplaires, au total, furent commandés par l’état-major. Même quand apparut une nouvelle version à aile fixe et ailerons – qui était le type LA – la référence des équipages fut maintenue au premier modèle de « Parasol ». En 1914, ces engins, dotés d’un moteur 80 CV, allaient activement participer aux premières missions de guerre et équipèrent les premières escadrilles de Chasse françaises. C’est avec l’un d’eux que, le 19 juillet 1915, le Caporal GUYNEMER, accompagné du mécanicien GUERDER, remporta sa première victoire. Avions d’une telle valeur qu’ils furent parmi les derniers appareils des années 1913-1914 à être déclassés en 1915 et 1916.