L’HISTOIRE DE L’AVIATION – des origines à 1914
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1912. Sesquiplan Short 38 (Grande-Bretagne)

GRÂCE à une poignée de constructeurs, enthousiastes, l’Angleterre était sortie de son indifférence en matière aéronautique. Mais l’aviation n’y était considérée que comme un sport. Ce caractère purement sportif se remarquait dans les quelques appareils qui volèrent en Grande-Bretagne jusqu’en 1911. Année où, toutefois, le major Bannerman publia dans le « United Service Magazine » une série d’articles sensationnels sur le problème de l’aviation militaire. L’opinion en fut frappée, malgré sa répugnance à transporter sur le plan de la guerre ce qui lui paraissait destiné à ne constituer qu’un délassement assez excitant. Les efforts du major Bannerman aboutirent à la création, à Farnborough, de l’« Army Air Battalion », composé d’appareils presque exclusivement français. Mais une « aviation militaire » véritable exigeait de l’Angleterre des efforts de construction. Il s’agissait même de se hâter, car l’ombre de la guerre ne cessait de grandir ; et cela aussi allait à l’encontre du tempérament britannique, assez lent à s’émouvoir. À partir de 1912, certains constructeurs présentèrent leurs nouveautés. Le sesquiplan des frères SHORT comportait un élévateur placé à l’extrême avant de la cabine : ce détail (qui disparut d’ailleurs par la suite) était le seul qui le différenciât des modèles créés par Henri et Maurice Farman. Les frères SHORT furent cependant les auteurs de la première installation d’une arme à bord d’un avion. Ils reculèrent le poste de pilotage à l’arrière, plaçant l’observateur bien en avant avec une mitrailleuse capable de tirer dans un angle de 360°. Aussitôt agréé par l’« Army Air Battalion », le Short-38 s’avéra une machine de valeur entre les mains expertes des pilotes du bataillon. Pourtant, les effectifs de ce corps étaient plutôt maigres par rapport aux forces aériennes étrangères : en 1912, il possédait en tout dix-sept appareils. Une nouvelle campagne pour alerter l’opinion publique fut nécessaire. Et, deux ans plus tard, le nouveau « Royal Flying Corps » se trouva à la hauteur de la situation avec du matériel et des pilotes de choix.