L’HISTOIRE DE LA MARINE – des origines à 1700
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Moitié du XVIIe siècle. Vaisseau suédois

 

DANS le courant du XVIIe siècle, l’artillerie a pris une place considérable sur les vaisseaux de guerre, tel le bateau suédois représenté ici. Le navire de combat est désormais désigné suivant le nombre de canons et de ponts couverts où sont alignées les pièces dont les gueules sortent par les sabords percés dans ses flancs. On dit : un deux ponts de 74 canons, un trois ponts de 100canons, etc... Pour limiter la hauteur des vaisseaux, les entreponts sont réduits à six pieds (1 m. 92). Les petites pièces aux noms étranges (couleuvrines, fauconneaux) ont disparu. Les canons étaient classés d’après leur calibre, qui indiquait le poids du boulet en livres. Il y avait les pièces de 4, 6, 8, 12, 18, 24 et 36, et chaque calibre comportait un modèle long et un modèle court, plus léger et moins puissant. Les longues pièces de 36, d’un poids de plusieurs milliers de kilos, étaient placées dans la batterie basse, tandis que les plus petites garnissaient les ponts et les gaillards. Les canons fondus en bronze tiraient des boulets pleins. Le tir, toutefois, était peu précis et très lent, car le chargement par la bouche exigeait de longues manœuvres : C’est ainsi que, pour chaque pièce de 36, il ne fallait pas moins de seize servants. On comprend, dès lors, pourquoi un vaisseau de 44 mètres de long et de 74 canons n’embarquait pas moins de 960 hommes pour la manœuvre et pour l’artillerie. Ces hommes, il n’était pas toujours facile d’en trouver le nombre voulu. Malgré l’inscription maritime, instituée en France par Colbert, le recrutement était insuffisant. Les engagements volontaires étaient rares : aussi les gouvernements recouraient-ils à des moyens plus expéditifs, et notamment à la « presse », qui consistait à rafler dans les ports les hommes valides, pour les embarquer de force. Quoi d’étonnant qu’avec pareilles méthodes, les équipages fussent de qualité médiocre et difficiles à manier ? La discipline était terrible : celui, par exemple, qui sortait son couteau dans une rixe à bord avait la main clouée au mât...