L’HISTOIRE DE LA MARINE – des origines à 1700
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Ier siècle. Bateau dit de Saint Paul (Phénicie)

 

CE navire de charge phénicien, qui date du début de notre ère et figure sur un sarcophage découvert à Sidon, représente vraisemblablement le type de vaisseau sur lequel l’apôtre Saint-Paul fut embarqué à Joppé (Jaffa) pour être conduit à Rome où il devait être jugé. Les Actes des Apôtres nous racontent cette traversée mouvementée. Après avoir atteint Myre, ville de Lycie (Asie Mineure), Saint-Paul dut monter à bord d’un navire se rendant en Italie. Il s’agissait sans doute d’un bateau assez important, puisqu’il emportait 276 personnes et une cargaison. Les vents n’étant pas favorables, il fut détourné de sa route jusqu’en un lieu appelé Beaux-Ports (Tunisie). De là, en dépit de la mauvaise saison pour la navigation et malgré l’avis contraire de Paul, le capitaine fit voile vers la Crète ; mais un vent violent l’empêcha de l’atteindre. Le bateau, alors, s’échoua et fit naufrage. C’était le quatrième naufrage de Saint-Paul, ce qui donne à penser qu’en ce temps-là les voyages sur mer n’étaient pas de tout repos !... Enfin le navire parvint à Malte, où Saint-Paul resta trois mois, à cause de l’hiver qui — jadis — arrêtait toute navigation. Même la courte distance séparant Malte de la côte italienne était trop dangereuse à franchir. Et ainsi, parti à la mi-septembre de Phénicie, Saint-Paul n’arriva à Rome qu’en février... Ce type de navire de charge phénicien comportait, par rapport aux modèles antérieurs, des perfectionnements qui en faisaient un véritable voilier. Les avirons avaient été supprimés, leur office étant rempli, à l’appareillage et au mouillage, par une chaloupe qui remorquait le vaisseau. Autre progrès : le petit mât incliné sur l’avant, qui deviendra plus tard le beaupré et dont la petite voile carrée facilitait l’évolution du navire. À l’avant également était installée une sorte de gabie, poste d’où le matelot de veille pouvait guetter les obstacles que risquait de heurter le vaisseau aveugle.