L’HISTOIRE DE LA MARINE – des origines à 1700
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Antiquité. Galère romaine

 

POUR soutenir leur politique coloniale et conquérante, et pour atteindre au-delà des mers leurs ennemis, les Romains durent se faire marins, malgré leur crainte et leur dédain de la mer... Ils avaient en effet un tel mépris pour le métier de marin que celui-ci était laissé aux citoyens les plus pauvres et aux esclaves. Les Romains de bonne famille embarquaient comme soldats, car ils se seraient crus déshonorés de servir comme matelots. Leurs vaisseaux, copiés sur ceux achetés ou réquisitionnés à l’étranger, étaient plus lourds, moins gracieux que les navires dont ils dérivaient. Ces bateaux étaient solides, puissants, bien adaptés à la façon de combattre des Romains. Ils ressemblaient à de massives forteresses flanquées de tours, d’où les légionnaires attaquaient l’adversaire suivant les règles de la guerre terrestre. Du point de vue maritime, ces navires n’apportaient guère de perfectionnements aux modèles dont ils étaient inspirés. L’élément le plus remarquable à signaler dans la construction navale romaine était une sorte de pont-levis appelé « corbeau » qui facilitait pendant l’abordage le passage des légionnaires sur le pont du navire ennemi, retenu bord contre bord à l’aide de grappins. Cette flotte romaine, méthodique et réglementée comme l’était déjà l’armée de terre, était divisée en types particuliers : galères pontées « liburnes », galères non pontées, navires à tour de combat, grandes polyères, quadrirèmes, navires de charge. Grâce à l’appoint de sa force navale, Rome réussit à vaincre des peuples réputés marins mais dont l’organisation ne valait pas la sienne l’orgueilleuse Carthage, d’abord, en 146 avant J.-C.; les Vénètes, en 56 avant J.-C.; et aussi les pirates qui, en 43 avant J.-C., faillirent affamer Rome. Leur façon de combattre avait commencé par dérouter les Romains, mais ceux-ci ne tardèrent pas à s’y adapter en construisant une nuée de petits navires qui pourchassèrent l’ennemi dans ses repaires et finalement en vinrent à bout.