L’HISTOIRE DE L’AUTOMOBILE – des origines à 1900
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1894. Phaëton électrique de Jeantaud (France)

 

TANDIS que le moteur « à vapeur de pétrole » (comme on disait alors) affirmait de jour en jour sa supériorité et que le moteur à vapeur se défendait avec vigueur, un troisième larron tenta, vers la fin du XIXe siècle, d’arbitrer les débats : le moteur électrique. Certes, le procédé n’était pas absolument neuf puisque, d’après l’Edimbourg Evening Journal, du 17 juin 1842, un certain Davidson avait exhibé la même année un véhicule actionné par huit électro-aimants alimentés par des piles. Cependant, si à cette époque on connaissait l’électro-aimant dû à Ampère (1820), on ignorait tout de l’accumulateur (Planté, 1860) et de la dynamo (Gramme, 1869) : si bien que le véhicule de Davidson, s’il a existé, ne pouvait être qu’un engin certes curieux, mais grossier. Par contre, après 1890, plusieurs constructeurs crurent trouver dans les moteurs électriques le système de propulsion idéal. Silencieux, souple et inodore, il paraissait très séduisant. Il y avait toutefois un " hic " : pour propulser une voiture à des allures convenables, seuls les accumulateurs offraient un intérêt. or, l’ensemble de batteries d’un véhicule électrique moyen pesait à peu près 500 kilos, pour une capacité lui permettant de couvrir approximativement 500 kilomètres ! Puis, le parcours terminé, il fallait recharger les batteries, opération qui exigeait une installation spéciale et durait plusieurs heures. Malgré tous ces inconvénients, des constructeurs s’orientèrent vers ce système d’énergie et obtinrent quelque succès. L’un d’eux, JEANTAUD, réalisait en 1894 un phaéton biplace dont le moteur développait 4 C.V.4 à 1.300 tours minute et dont la batterie d’accumulateurs, logée dans un large coffre arrière, pesait 430 kilos. Le moteur, placé sous le châssis à l’avant, transmettait le mouvement à une couronne dentée fixée sur un axe qui engrenait des tambours (à dentures intérieures) fixés aux roues. L’année suivante, JEANTAUD aligna une nouvelle voiture dans la fameuse course Paris-Bordeaux-Paris. Tout comme la « vapeur », l’« électricité » dut s’incliner devant le « pétrole ».