L’HISTOIRE DE L’AVIATION – des origines à 1914
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1914. Biplan G-3 des frères Caudron (France)

QUELQUES mois avant la Grande Guerre, les deux frères CAUDRON (encore une équipe fraternelle !) présentèrent un biplan aux ailes inégales d’envergure : le G-3. D’emblée, cette machine connut un succès rarement atteint dans les annales de l’aviation. L’année, les grands pilotes ainsi que de nombreux sportifs furent unanimes à vanter ses qualités exceptionnelles. Pour les frères CAUDRON, c’était la consécration immédiate. Les circonstances aidant, les commandes militaires affluèrent à leurs ateliers. Particulièrement maniable, d’une solidité extraordinaire, souple, permettant même les fautes de pilotage, le G-3 avait reçu un sobriquet qui lui resta : la « cage à poule » (sans doute parce que le pilote était enfermé derrière un treillis de mâts, semblable à celui des cages à volaille emportées au marché par les paysans). Les excellentes caractéristiques du G-3 en firent un des meilleurs appareils d’observation et de reconnaissance ; et quand la guerre eut éclaté, il participa aux premières missions dévolues à l’aviation. Quoique remplacée sur le front par les appareils plus puissants qui vinrent ensuite, la fameuse « cage à poule » continua sa carrière en servant jusqu’à l’Armistice (et même au-delà) à la formation de pilotes à l’arrière ; tâche qu’il partageait avec le Blériot « Pingouin », utilisé surtout pour initier les débutants aux évolutions au sol et aux bonds de puce... Ce fut donc, le plus souvent, à bord du G-3 que les as français et des légions d’aviateurs anonymes apprirent à piloter : aussi les rescapés de la grande tourmente lui gardèrent-ils toujours une véritable affection... Le modèle initial des Caudron était doté d’une structure qui, par surbaissement, servait en même temps de train d’atterrissage et de béquille. Par la suite, les G-3 furent spécialement aménagés pour l’entraînement des jeunes pilotes. Et ce devait être à bord d’un appareil du même type qu’en 1921, l’aviatrice française Adrienne Bolland réussit, seule, un exploit prestigieux : la traversée, en 3 heures 15 minutes, de la Cordillère des Andes dont les montagnes dressent, à 6.000 mètres, leurs sommets balayés par un vent de glace !