L’HISTOIRE DE L’AVIATION – des origines à 1914
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1897. Avion n° III d’Ader (France)

APRÈS l’exploit accompli avec « L’Eole » en 1890, Clément ADER écrivit à son ami, le célèbre Nadar, pour l’intéresser à son appareil, dont il certifiait que s’il n’avait pu voler plus de cinquante mètres, c’était faute d’une piste plus longue... Le constructeur de « L’Eole » levait donc un coin du voile. Malgré tout, le commun des mortels ignorait encore le vol d’Armainvilliers lorsque, le 20 juin 1891, la revue L’Illustration donna un croquis de l’avion (pris clandestinement) avec la légende suivante : " Personne n’a rien vu, personne ne sait rien, mais L’Illustration a des amis partout ! "... Ainsi, peu à peu, le silence était rompu. Après modification de l’appareil et nouvel essai, cette fois à Satory où l’engin subit une avarie, « L’Eole » fut finalement exposé en public, en 1891. Le ministre de la Guerre français, président du Conseil de l’époque, M. de Freycinet, le vit, et décida sur l’heure de faire se poursuivre les essais pour le compte de la défense nationale. Un accord avec ADER fut conclu et un laboratoire-atelier installé à Auteuil sous juridiction militaire. ADER, qui avait déjà dépensé plus d’un demi-million, reçut pour construire un nouvel appareil diverses sommes s’élevant à un total de 650.000 francs. Mais, en devenant d’ordre militaire, les travaux et expériences retombaient dans le secret le plus absolu. Aussi, plus tard, en vint-on à discuter et même à nier les performances d’ADER. Pourtant, son Avion n° III (tel était le nom du nouvel appareil) fut, en 1897, essayé à Satory devant une commission militaire ; deux généraux présents rédigèrent un rapport qui préconisait la poursuite des essais. Ce rapport précisait que l’avion « semblait » avoir décollé : ADER, lui, prétendait formellement avoir volé près de 150 mètres... Malheureusement, le constructeur-pilote avait, suite à une fausse manœuvre, fait sortir l’appareil de la piste et brisé une aile et les roues avant ; d’où impossibilité de tenter à bref délai un nouvel essai. Le ministère décida de cesser les subventions à ADER. Ce dernier, dans un accès de rage, détruisit ses études, son laboratoire et « L’Eole ». Beaucoup plus tard, il reçut les honneurs qu’il méritait.