L’HISTOIRE DE L’AVIATION – des origines à 1914
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1879. Aéroplane à air comprimé de Tatin (France)

TANDIS que le malheureux Le Bris tentait, avec des moyens de fortune, de résoudre les problèmes du « plus lourd que l’air », un très jeune homme, le Parisien Alphonse Pénaud mettait toute son intelligence et toute sa science au service de la même cause. Après avoir réalisé de petits planeurs à « moteur-caoutchouc », il s’attaqua à « l’aéroplane ». Ses projets dénotent une clairvoyance de visionnaire. Il est infiniment déplorable que ceux-ci n’aient pu être exécutés en vraie grandeur : d’abord parce que ses échecs poussèrent Pénaud à se suicider ; ensuite, parce que sa réussite eût fait faire un bond formidable à l’aviation, lui épargnant sans doute des années de tâtonnements... Mais, à cette époque, un autre Parisien, émule de Pénaud, était également sur la piste de l’aéroplane. Moins doué que son brillant rival, Victor TATIN fut cependant un plus habile mécanicien. Son métier d’horloger le prédisposait d’ailleurs à la fabrication de mécaniques délicates et compliquées. Après avoir construit plusieurs planeurs et modèles réduits, il réalisa en 1879 un aéroplane à petite échelle qui était vraiment une oeuvre d’orfèvre. Monté avec un soin méticuleux, l’aéroplane de TATIN fonctionnait à air comprimé. Essayé à Chalais-Meudon, il effectua avec succès des vols circulaires de quelques secondes, retenu par un fil à un piquet fiché en terre. L’engin pouvait s’élever à hauteur d’homme. Quand TATIN mourut, en 1913, il avait eu la joie d’entrevoir l’avenir extraordinaire de l’aviation’ Lorsqu’on se penche sur les projets et les réalisations d’un Pénaud et d’un Tatin comme d’ailleurs des Henson, Cayley et Le Bris, on ne peut qu’admirer leurs remarquables conceptions en matière de cellules d’avions. Aussi, combien faut-il regretter qu’ils n’aient pas été pourvus en moteurs : c’est en effet l’absence de moteurs qui empêcha ces constructeurs de progresser. Tels qu’ils étaient dessinés, leurs avions étaient très en avance sur ceux dont usèrent les pionniers de l’époque héroïque, de 1906 à 1910. Ces derniers disposèrent de moteurs, mais leurs appareils n’avaient plus la qualité des engins créés trente ans plus tôt...