L’HISTOIRE DE L’AVIATION – des origines à 1914
4

1868. Planeur du capitaine Le Bris (France)

À la même époque que les frères du Temple faisaient breveter leur premier appareil, un autre marin français, le capitaine au cabotage Jean-Marie LE BRIS construisait un grand planeur. Excellent théoricien du vol à voile, possédant de réelles qualités techniques, courageux (comme il l’avait prouvé lors de maints sauvetages), LE BRIS, dont les ressources financières étaient faibles, ne pouvait se payer le luxe d’acheter un moteur, et encore moins celui d’en construire. Aussi se borna-t-il à expérimenter un planeur à ailes mobiles. Son premier engin, terminé en 1857, fut amené sur la plage de Tréfeuntec, près de Douarnenez. Le corps du planeur reposait sur une charrette à deux roues (de grand diamètre) que remorquait un cheval. LE BRIS était persuadé qu’en lançant l’attelage au galop, le planeur décollerait de son support et s’élèverait dans les airs ; et là, il pensait évoluer sans difficulté grâce à la mobilité des ailes qu’il pouvait man’uvrer à la main. Effectivement, un essai eut lieu et fut couronné de succès, puisque l’appareil décolla bel et bien et atteignit même une hauteur qui fut évaluée à 100 mètres. Mais le câble d’attache du planeur arracha, au moment de l’ascension, le siège du cocher, lequel fut emporté dans l’espace et crut sa dernière heure arrivée ! L’atterrissage se fit néanmoins sans casse. Et c’est ainsi que s’effectua – un peu par hasard – un des tout premiers vols humains contrôlés, ou du moins (et ceci n’est pas contestable) le premier décollage d’un aéroplane suivi d’une ascension. Encouragé par ce succès... partiellement involontaire, LE BRIS renouvela l’expérience quelques jours plus tard, mais cette fois du haut d’un mât. L’affaire se termina moins bien, car l’appareil percuta le sol, brisa son ossature et rompit une jambe à l’audacieux marin. Celui-ci ne put reconstruire un engin qu’en 1868. Le nouveau planeur était de forme encore plus fine que le précédent. Hissé sur une charrette attelée et ayant LE BRIS à bord, il réussit parfaitement un vol près de Brest. Cependant, son inventeur ayant décidé d’en étudier le comportement en vol, il fut ensuite lancé sans pilote. Mal dirigé, il s’écrasa au sol, pulvérisé.