L’HISTOIRE DE L’AÉROSTATION – des origines à 1940
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1913. Dirigeable rigide Spiess (France)

PAR un matin brumeux de janvier 1913, les Parisiens purent admirer un grand dirigeable rigide dans le ciel de leur ville. Sa structure ressemblait tellement à celle des Zeppelin allemands, que beaucoup de gens pensèrent qu’il s’agissait effectivement d’un aéronef d’outre-Rhin perdu dans le brouillard. Au contraire, il s’agissait d’un authentique « rigide » français, le premier de ce genre, dont l’inventeur et constructeur, l’Alsacien SPIESS, avait fait don à la France. Le Spiess avait été expérimenté avec succès l’année précédente, en avril 1913 : la carène était rigide, de section polygonale, subdivisée en compartiments où étaient placés les ballonnets de sustentation. L’empennage était identique à celui des dirigeables allemands, mais au lieu d’être en aluminium, son ossature était en bois creux recouvert de toile et était maintenue dans un réseau de fils d’acier très légers, très solides et surtout plus faciles à réparer qu’une carcasse métallique. Construit par la société Zodiac sur des plans élaborés quarante ans plus tôt par l’ingénieur Spiess, le dirigeable mesurait 110 m de long sur un diamètre de 13,50 m. Sa capacité était environ de 12 000 m3, et il était actionné par quatre hélices fixées de chaque côté de la -carcasse à la hauteur de l’axe de poussée. Ses moteurs développaient une force de 360 ch. Spiess était vraiment un précurseur ; il avait obtenu en 1873, soit 20 ans auparavant, un brevet pour son dirigeable rigide, alors que le Comte von Zeppelin venait de commencer ses recherches dans la même direction. En dépit d’une propagande active et de sollicitations répétées auprès du gouvernement, l’ingénieur Spiess n’avait jamais réussi à se faire prendre au sérieux par les autorités françaises. Il s’était alors décidé à faire construire son dirigeable avec sa fortune personnelle, puis en avait fait don à l’armée. C’est seulement à ce moment-là que les hautes sphères militaires s’étaient décidées à mettre l’appareil à l’épreuve. Celui-ci donna alors des résultats bien supérieurs à tout ce qu’on avait pu prévoir.