L’HISTOIRE DE L’AÉROSTATION – des origines à 1940
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1911. Dirigeable « Zeppelin LZ 8 » (Allemagne)

NOUS avons déjà parlé de ce grand dirigeable rigide Zeppelin surnommé Deutschland, se distinguant par son sigle LZ 8. Nous avons aussi décrit les caractéristiques et la fin malheureuse de son homonyme prédécesseur plus petit de type souple, le Deutschland du docteur Woelfert. Le Deutschland représenté ici fut lui aussi détruit dans un accident le 16 mai 1911 à Düsseldorf, alors que par un matin de vent violent, il était tiré de son hangar pour accomplir une promenade touristique avec 8 passagers aux alentours de la ville. Une rafale violente abattit, le géant contre le mur du hangar en le détruisant, mais, il n’y eut aucune victime. Ce qui rendit le LZ 8 particulièrement intéressant, ce n’est pas sa fin banale en soi, mais une caractéristique qui le distinguait, et qui dans un certain sens, en fit un dirigeable « historique ». Il fut, en effet, le premier aéronef construit expressément à des fins commerciales, c’est-à-dire l’exploitation d’une ligne civile pour passagers. Arrêtons-nous un moment sur cet aspect de l’aéronautique allemande antérieure à la guerre de 1914-1918. Le succès des grands dirigeables rigides expérimentés depuis la fin du siècle dernier par le comte Zeppelin avait amené à la constitution d’une société aéronautique civile, la Deutsche Luftschiffahrts Aktien Gesellschaft, plus connue en Europe sous le sigle DELAG, et destinée à l’exploitation commerciale et touristique du « plus léger que l’air ». À partir de 1910 et jusqu’à ce que la guerre éclate, la DELAG exerça une activité intense dans ce sens, en organisant des croisières, des voyages d’agrément et des vols réguliers sur des aéronefs. Durant ces cinq ans, 5 Zeppelins de la DELAG furent particulièrement actifs et rencontrèrent une grande faveur auprès du public allemand le plus mondain. Ils accomplirent 1600 vols et transportèrent 34 028 passagers, sans aucun incident de vol. La destruction du Deutschland arriva en fait à terre, peut-être à cause de l’inexpérience des cent hommes qui remorquaient le dirigeable.