L’HISTOIRE DE L’AÉROSTATION – des origines à 1940
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1910. Dirigeable « America » (États-Unis)

PARMI toutes les péripéties malheureuses qui constellent l’histoire du « plus léger que l’air », il nous faut sans aucun doute évoquer celle de l’aéronef America construit en France et destiné, dans l’intention de ses constructeurs, à accomplir une exploration du pôle Nord en partant du Spitzberg. L’expédition avait été préparée avec le maximum d’attention et le dirigeable était équipé avec le plus grand soin en vue de l’épreuve qui l’attendait. Mais sa première grande entreprise devait être pourtant la traversée de l’Atlantique. À compter des premiers jours de septembre 1910, il devait partir d’Atlantic City pour se diriger vers les rives européennes. Le voyage fut retardé jour après jour, à cause des mauvaises conditions atmosphériques, et c’est seulement le matin du 15 octobre que le commandant Wellmann put ordonner aux équipes de terre le fatidique « Lâchez tout ! ». À bord de l’America, il y avait, avec Wellmann, l’ingénieur Vaniman qui avait dirigé la construction, le capitaine anglais Simon embarqué comme pilote, le télégraphiste australien Irving et deux marins américains. Il y avait même, pour être précis, une ravissante chatte noire, embarquée par Vaniman comme mascotte de l’expédition. L’America s’éleva rapidement à une vingtaine de mètres au-dessus du niveau de la mer, en se dirigeant vers le Nord-Est ; il échangea des radiotélégrammes avec Atlantic City, avec des navires et avec la station de Siasconsetle, en signalant la régularité de son voyage qui se poursuivait sans moteur, grâce à la clémence du temps ; mais après 13 h le dimanche, on n’eut plus de communications, directes ou indirectes. Dans les premières vingt-quatre heures, l’aéronef avait parcouru 555 km, se trouvant ainsi au large de l’île de Nantucket, et se dirigeant vers la route des grands transatlantiques. Mais le mardi soir, le télégraphe annonça au monde que l’America avait dû lutter contre des vents violents le soir du dimanche, et qu’il avait été fortement secoué et déporté vers le Sud. L’équipage fut sauvé par le paquebot Trent au large des Bermudes, mais l’aéronef disparut à tout jamais.