L’HISTOIRE DE LA MARINE – de 1700 à 1850
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1802. Goélette à hunier (France)

 

LE nom de goélette n’apparut que tardivement en France, vers 1752, sous la forme de « gouelette ». Ce sont les Bretons qui auraient baptisé ainsi ces excellents petits bateaux aux formes fines et légères qui, comme le goéland, se laissent soulever par les lames. Le terme fut adopté par la suite par les Espagnols et les Italiens, tandis qu’en Amérique on utilisait toujours le mot « schooner » anglais. Le gréement original de la goélette dite franche est caractérisé par deux voiles principales quadrangulaires, enverguées sur des cornes, la goélette de l’arrière qui se borde sur un gui, et la goélette de l’avant qui se borde le long du bord. Le beaupré grée plusieurs focs. Les deux voiles maîtresses sont surmontées d’un flèche triangulaire, sauf lorsqu’il s’agit de goélettes à hunier : dans ce cas le petit flèche, au mât de misaine, est remplacé par un hunier carré ou par deux voiles carrées, hunier et perroquet. On vit même quelques goélettes porter des huniers à leurs deux mâts. De ces deux mâts, c’est celui de l’avant qui est le plus petit, tandis que le grand mât, ou mât goélette, est situé à l’arrière. Cette disposition étonnait Savérien qui, en 1758, dans son Dictionnaire de Marine, définissait la goélette comme « une sorte de navire d’une construction singulière. Sa mâture est renversée et cela contribue à le faire bien siller »... Les goélettes à hunier furent souvent utilisées comme clippers par les Américains. Car, bien que de dimensions modestes, elles avaient de grandes qualités nautiques et étaient facilement manœuvrables. Elles enthousiasmèrent Babron qui écrivit en 1817, dans son Précis d’Art Naval : « Les Américains et les Bermudiens font des goélettes pour la course qui sont les plus jolis bâtiments du monde et qui ont une marche supérieure ». Il était cependant nécessaire, aux allures du grand largue et de vent arrière, d’ajouter une fortune carrée sur la vergue de misaine ; car on avait pu constater qu’à ces allures les voiles auriques n’avaient pas un aussi bon rendement que les voiles carrées.