L’HISTOIRE DE LA MARINE – de 1700 à 1850
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1800. Felouque (France)

 

LES felouques avaient une origine catalane. C’étaient, au XVIIIe siècle, de jolis et légers petits bâtiments, très savamment décorés, aux formes effilées. Elles étaient construites avec beaucoup de soin et marchaient à la voile et à la rame. Dans ce cas, douze petites écoutilles de chaque bord servaient aux rameurs dont les pieds reposaient sur des traversins, placés à mi-hauteur de la cale. Leur longueur moyenne était de 15 mètres et leur largeur de 3,40 mètres. Leur avant ressemblait à celui du chébec, dont elles avaient une autre particularité : l’arrière prolongé par deux ailes soutenant une plate-forme en surplomb sur la mer, où se tenait le timonier. Ce dernier, placé ainsi en arrière du gouvernail, le manœuvrait en sens contraire de celui généralement usité pour ne pas gêner les passagers dans le carrosse. Le gréement des felouques était latin ; elles avaient deux ou trois mâts, penchés sur l’avant, dont celui de l’arrière était souvent monté sur un chevalet pour éviter de gêner le passage de la barre du gouvernail. Ces bâtiments très rapides faisaient aussi souvent usage de la voile que de la rame. Ils naviguaient de port en port, transportant des passagers ou de riches cargaisons. Quand s’élevait une tempête et qu’aucun port n’était à proximité, on tirait ces bateaux au sec sur la première plage venue, en fixant des palans à des crochets dont toute felouque se trouvait équipée à l’avant. Il arrivait aussi que les felouques soient armées en guerre. Elles portaient deux canons de 2 livres et 32 pierriers tenus sur des chandeliers de fer, plantés dans le plat-bord tout autour du bâtiment. Les felouques apparurent dès la fin du XVIIe siècle sur la liste générale des galères ; elles étaient alors mentionnées comme servant à la garde du port. Malgré leur caractère typiquement méditerranéen, on les trouvait en usage aussi bien dans les ports du Ponant que du Levant. C’est l’une de ces felouques, nommée l’Espion, qui, affectée à la surveillance de la rade et du port de Toulon de 1758 à 1769, fut commandée quelque temps par le célèbre d’Entrecasteaux.