L’HISTOIRE DE LA MARINE – de 1700 à 1850
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1790. L’Océan, vaisseau à trois ponts (France)

 

PENDANT ce temps, la marine à voile progressait encore et connaissait un de ses chefs-d’œuvre avec le vaisseau à trois-ponts d’abord appelé Les États de Bourgogne, qui termina sa longue carrière sous le nom de l’Océan. Il avait été lancé en 1790 et, cinquante ans plus tard, il était encore un des meilleurs voiliers de la Méditerranée. Son constructeur était le célèbre ingénieur naval SANE, qu’on a nommé le VAUBAN de la Marine. Grâce à lui, les Français eurent, à l’époque, les meilleurs navires du monde, que les Anglais ne manquaient pas de copier quand ils parvenaient à s’en emparer. Les vaisseaux conçus par SANE avaient des formes parfaites et pouvaient rivaliser avec les frégates sous le double rapport de la vitesse et de la facilité d’évolution. Tous ceux qui furent construits après la mort de SANE, et jusqu’à la fin de la marine à voile, dérivèrent de ses premiers plans. La silhouette du navire s’était encore simplifiée. Le pont était presque droit, le château arrière ayant pratiquement disparu et les sculptures étant réduites au minimum. Le tonnage avait encore augmenté. La rentrée assez forte de la coque présentait certains inconvénients qui firent place à d’autres le jour où l’on adopta les vaisseaux à flancs droits. Quant aux mâts, bien que plus fins et plus hauts qu’autrefois, ils étaient plus solides et le gréement supportait mieux les tempêtes. Au mât d’artimon, la brigantine prit vers 1780 sa forme définitive. La surface de voile avait été augmentée et surtout répartie en un plus grand nombre de voiles. Il y avait maintenant des cacatois au-dessus des huniers. On pouvait désormais proportionner la surface de la voilure à la force de la brise. Grâce à ses perfectionnements, les vaisseaux serraient le vent de plus près et évoluaient avec le plus de sûreté. Cependant, la vitesse restait faible, car les coques manquaient de finesse et dérivaient beaucoup.