L’HISTOIRE DE LA MARINE – de 1700 à 1850
17

1780. La pinque La Frileuse (France)

 

LA pinque était un bâtiment très utilisé dans le bassin méditerranéen au XVIIIe siècle. C’était en fait la version au commerce du chébec, ayant également de nombreux points communs avec la tartane. Elle disparut complètement dans les premières années du XIXe siècle : en 1822 il n’en existait plus qu’une, désarmée dans le port de Gênes. La pinque jaugeait 200 à 300 tonneaux. Sa coque se présentait avec un avant renflé et un arrière assez élevé qui pouvait avoir jusqu’à trois ponts, dont deux couverts. Aucune chaloupe n’était embarquée à bord et par grand calme la pinque, qui n’avait pas d’avirons, devait se faire remorquer. Ses trois mâts étaient gréés avec des voiles latines sur antennes. Le mât de misaine, très avancé, était incliné de 21° vers l’avant. La Frileuse, représentée ici, et qui fut construite en 1778 sur les plans du célèbre constructeur toulonnais Coulomb, portait un curieux petit hunier sur l’artimon. L’usage de cette petite voile carrée supplémentaire fut abandonné vers 1800. Elle était capable d’établir 510 m2 de voilure, dont 215 m2 uniquement pour la grande voile fixée sur une antenne de 28 mètres de long. Ses caractéristiques étaient les suivantes : 24,20 mètres de long, 6,55 mètres de large et 3,10 mètres de tirant d’eau arrière. La Frileuse, comme l’Étoile de Mer construite également par Coulomb en 1772, était réputée pour avoir une marche supérieure grâce à la finesse de ses formes et à la grande dimension de ses voiles latines. Les pinques étaient surtout utilisées à Marseille où elles transportaient, depuis les côtes algériennes, les huiles destinées aux savonneries. Elles sortaient peu de la Méditerranée, mais il arrivait qu’elles soient armées en course ; elles portaient alors 16 canons de 4. Leur gréement n’était pourtant pas du tout adapté à la navigation dans l’Océan et la traversée jusqu’aux Antilles présentait même un certain danger. C’est peut-être ce qui explique pourquoi, avant leur disparition, le gréement de pinques fut transformé à l’image de celui des polacres, avec mâts à pible et traits carrés.