L’HISTOIRE DE LA MARINE – de 1700 à 1850
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1773. Vaisseau à deux ponts (Angleterre)

 

BIEN souvent, lorsque les Anglais capturaient un bâtiment français, ils en relevaient aussitôt les plans. La construction navale anglaise n’était pourtant pas à la traîne et elle fut à l’origine de bien des innovations que nos constructeurs reprirent à leur compte quelque temps plus tard. C’est le cas notamment de la simplification du décor et de certaines modifications du gréement. Les Anglais furent aussi les premiers à pratiquer le doublage en cuivre de la coque et l’on sait combien ce procédé fut d’une importance capitale. Dans les mers chaudes, en particulier, les herbes et les coquillages ralentissaient considérablement la marche des bateaux. Au début, on avait employé le procédé du « mailletage », consistant à enfoncer des clous à large tête dans la partie immergée de la carène. Mais ce système était peu efficace : il avait l’inconvénient d’alourdir le navire et il fallait, malgré tout, procéder régulièrement à un radoubage de la coque. Cette opération, longue et délicate, consistait à décharger le bâtiment de toute son artillerie et de tout son lest, et à l’incliner d’un côté, puis de l’autre, pour faire apparaître la carène, gratter la coque, la remettre en état... Le doublage en cuivre mit fin à cette interminable opération et Suffren, au cours de sa campagne dans l’Océan Indien, ne cessait de réclamer des bâtiments doublés en cuivre comme ceux des Anglais. Les Anglais innovèrent également dans le domaine de l’artillerie. Ce sont eux, par exemple, qui inventèrent les caronades. Les premières furent fondues en Écosse en 1774, à l’usine de Caron qui leur donna leur, nom. Elles furent utilisées dès 1778 sur les navires anglais qui participèrent à la guerre d’indépendance américaine. Les Français ignorèrent la caronade jusqu’en 1780, date à laquelle la capture d’un brick anglais armé de caronades permit l’étude et la mise au point de ces bouches à feu.