L’HISTOIRE DE LA MARINE – de 1700 à 1850
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1766. La Boudeuse (France)

 

INSTRUMENT de guerre, le vaisseau bénéficie des progrès de la science. Mais ceux-ci entraînent heureusement d’autres effets, plus pacifiques. Si, comme au temps de Christophe Colomb, les marins partent à la découverte de terres nouvelles, leur but principal n’est plus la conquête de colonies ni la recherche de riches cargaisons. Les cartes se précisent, l’hydrographie se perfectionne. Des savants vont aux quatre coins du monde vérifier les théories de Newton, à savoir que la terre est un ellipsoïde renflé à l’Équateur ; les missions que, la première, la France envoie dans les régions équatoriales et polaires, donnent raison au grand physicien anglais. Avec les astronomes embarquent des naturalistes, des médecins, des dessinateurs. Même en temps de guerre, le caractère scientifique de ces expéditions se trouve sauvegardé ; ainsi, pendant la guerre d’Amérique, LOUIS XVI ordonne à ses navires de traiter en amis les bâtiments du capitaine COOK. Le type de bateau le mieux adapté aux croisières lointaines est la robuste et légère corvette. En général, il en part deux ensemble, pour qu’elles puissent se secourir mutuellement. Au retour, sont publiés des comptes rendus, largement diffusés dans tout le monde civilisé. Un de ces plus retentissants voyages fut le tour du monde qu’accomplit BOUGAINVILLE à bord de la frégate La Boudeuse. Né à Paris en 1729, ce navigateur célèbre tenta de fonder une colonie aux Îles Malouines. Forcé de renoncer à ce projet, il quitta ces lieux, rallia Montevideo, puis Rio de Janeiro et s’engagea dans le détroit de Magellan, qu’il mit 26 jours à franchir. Ce fut alors l’interminable traversée du Pacifique. Le 2 avril 1768, les navires de Bougainville atteignirent Tahiti. Leurs ponts furent envahis par des hommes et des femmes qui, au milieu des chants, offrirent aux équipages des fleurs, des fruits, des vivres frais. Séjour merveilleux et chargé d’un tel pouvoir d’envoûtement que les chefs de l’expédition ordonnèrent rapidement le départ. Mais désormais, la fascination de l’île enchanteresse va susciter d’innombrables vocations de marins.