L’HISTOIRE DE LA MARINE – des origines à 1700
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1680. Galiote à bombes (France)

 

INVENTÉE par le Basque Renau d’Eliçagaray, dit Petit Renau. la galiote à bombes était destinée à lancer, à l’aide d’un mortier pratiquant le tir courbe, des bombes explosives sur les bâtiments adverses : c’était un « progrès » (si l’on ose dire) sur les canons ordinaires qui lançaient, de plein fouet, des boulets massifs infiniment moins meurtriers. À la bataille de Bévéziers, une seule de ces bombes mit cent hommes hors de combat. Les galiotes à bombes, petits bateaux de 25 mètres de long et de 8 m. 20 de large, étaient les premiers navires à lancer, depuis une plate-forme mobile, des projectiles explosifs et incendiaires. Afin que la stabilité du navire ne fût pas compromise par le poids du mortier, celui-ci était installé à fond de cale sur un bâti très solide. Une grande ouverture était pratiquée dans le pont pour dégager le tir. Dans le même, but, le mât de misaine avait été supprimé : ainsi le tir pouvait se faire vers l’avant du bateau, qui lui-même offrait le minimum de cible. Mais en simplifiant le gréement pour dégager le champ de tir, on l’avait aussi affaibli sur l’ pour compenser cette perte de puissance, le grand mât était très solidement tenu. Cette disposition spéciale du gréement donnait un aspect très particulier à la galiote. Il n’y eut qu’une dizaine de navires de ce type en service. On allait, par la suite, mettre des mortiers sur les ponts des vaisseaux. Les corsaires musulmans ayant osé envoyer en esclavage le commandant d’une frégate française qu’ils avaient attaquée, Louis XIV exerça des représailles en chargeant Duquesne de bombarder Alger. L’escadre française comprenait dans ses rangs des galiotes, qui, en 1682 et 1683, déversèrent sur la ville une grande quantité de projectiles aux effroyables effets. Malgré l’efficacité de ce bombardement, les Algériens ne se soumirent pas; il eût fallu pour cela, en plus des galiotes de Petit Renau, un corps de débarquement capable d’assurer la victoire de l’escadre sur l’armée établie à terre.