L’HISTOIRE DE LA MARINE – des origines à 1700
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XVIe siècle. Caraque

 

CE genre de navire, originaire de Venise, s’est multiplié du Levant au Ponant à mesure que s’intensifiaient les rapports entre pays : au point qu’il devenait extrêmement difficile, sinon impossible de distinguer entre elles les caraques, tant leurs traits communs étaient nombreux. Elles existaient déjà au XVe siècle et, à la fin de celui-ci, « La Charente » fut un des plus beaux vaisseaux de son temps. Au XVIe siècle, le terme de caraque désignait uniformément tous les grands navires de haut bord, qu’ils fussent de guerre ou de commerce. Longue en moyenne de 50 mètres et large de 15 mètres, elle était imposante avec sa coque lourde, massive et haute sur l’eau, et ses deux énormes châteaux qui la faisaient ressembler à une puissante forteresse. Son fort tonnage et ses proportions la rendaient très mauvaise marcheuse et détestable manœuvrière. Incapable de louvoyer, son allure ne dépassait pas le vent de travers. La coque portait encore des renforts extérieurs mais ceux-ci ne tardèrent pas à disparaître. Les constructeurs des caraques du XVIe siècle avaient abandonné les formes rondes précédemment en honneur : les bordages se raccordaient à l’arrière sur une surface plate appelée tableau. Les flancs avaient une rentrée accrue, qui donnait à la coque plus de stabilité et permettait une installation plus rationnelle de l’artillerie. La puissance de cette dernière et son poids (de 3.000 à 5.000 livres par pièce) allaient toujours en augmentant. Cette artillerie tirait par des sabords, ouvertures pratiquées dans le flanc du navire (parfois trop près de la flottaison, comme sur la « Mary Rose » où, en 1545, une rentrée d’eau se produisit qui provoqua la perte du vaisseau). Les sabords étaient une nouveauté qu’avait rendue possible la solidité accrue de la construction navale. Les châteaux et les hunes étaient armés de pièces légères telles que couleuvrines et fauconneaux qui harcelaient le pont de l’adversaire et continuaient à tirer, à bout portant, lorsque l’ennemi avait réussi à prendre pied à bord.