L’HISTOIRE DE L’AUTOMOBILE – des origines à 1900
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1896. Vis-à-vis d’Amédée Bollée fils (France)

 

LA même année que son frère cadet réalisait son fameux tricycle, Amédée BOLLÉE fils travaillait, lui, à un véhicule plus important : une voiture quadriplace de performances élevées. C’était la première voiture à essence qu’il construisait depuis son quadricycle de 1885, époque où la famille Bollée était « vaporiste ». Et ce véhicule apportait plusieurs innovations importantes. Pour la première fois, une automobile était équipée d’un carburateur automatique par gicleur noyé (tel que nous le connaissons depuis) et le moteur comportait une culasse à chambres hémisphériques (procédé absolument remarquable pour l’époque) assurant un meilleur passage des gaz au sommet des cylindres. En outre, la transmission s’effectuait par arbre cylindrique terminé par un couple conique à denture spiralée, ancêtre des transmissions et ponts arrière modernes. Le moteur, placé à l’extrême avant, était équipé d’une manivelle fixe et la suspension était assurée par un jeu de ressorts semi-elliptiques à l’avant comme à l’arrière. Bref, une machine mécaniquement supérieure à tout ce qui se construisait alors. Malheureusement, la carrosserie n’avait rien de révolutionnaire ni de transcendant : Roues montées avec de gros rayons de bois et le reste à l’avenant. Mais Amédée BOLLÉE fils allait largement se rattraper deux ans plus tard lorsqu’il construisit la toute première voiture de forme aérodynamique : le fameux Torpilleur de la route (deuxième du nom), qui s’illustra dans la course Paris-Amsterdam-Paris en 1898. Quant à la voiture de 1896, si elle n’eut pas la gloire de sa suivante, elle n’en accomplit pas moins le trajet Paris-Monte-Carlo sans incident. Détail sympathique : Amédée Bollée père accompagna son fils durant le voyage à Monte-Carlo comme lors de la course Paris-Amsterdam-Paris, lui servant de chronométreur et le relayant au volant. Le grand « vaporiste » du Mans consacrait lui-même le succès du moteur à essence, que ses fils venaient de perfectionner de magistrale façon.