L’HISTOIRE DE L’AUTOMOBILE – des origines à 1900
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1879. Locomotive routière « La Marie-Anne » d’Amédée Bollée père (France)

 

LES exploits de L’Obéissante, puis de La Mancelle, avaient procuré des séries de commandes aux usines Bollée. Mais si les voitures particulières commençaient à se répandre, le pays avait davantage besoin de locomotives routières et Amédée BOLLÉE père reçut commande d’un train routier de grosse taille. Ce « monstre » fut terminé en 1879 il aurait certes mérité ce nom vu sa taille imposante et surtout son poids, qui l’apparentaient plus aux locomotives sur rail qu’à un véhicule routier. Cependant, Amédée BOLLÉE, qui choisissait toujours les noms de ses véhicules avec un certain humour, la prénomma La Marie-Anne ! Développant une puissance de 100 C. V., la Marie-Anne disposait d’un variateur de vitesses à 3 combinaisons et était capable de remorquer un train de 35 tonnes sur une rampe de 6 % ce qui était vraiment remarquable pour un engin de cette taille, à cette époque... Les essais devant se dérouler à Ax-sur-Ariège, le « monstre » effectua le trajet du Mans en Ariège, avec naturellement de nombreuses haltes qui ne manquaient jamais d’attirer les foules curieuses et même parfois quelque peu inquiètes ; les paysans quittant leurs champs et escortant le mastodonte, courant chercher l’eau nécessaire, aidant les mécaniciens, etc... et cela, jusqu’à la relève suivante d’admirateurs ruraux ou citadins. La Marie-Anne était conçue suivant les mêmes principes que la Mancelle : elle comportait une chaudière verticale arrière qui actionnait les pistons—moteurs placés à l’avant. Une série d’arbres de transmission engrenaient des demi-arbres transversaux qui commandaient les roues au moyen de chaînes ; idem pour le tender qui portait des réserves d’eau et de charbon. Le lourd véhicule était équipé d’un toit et de places convenables pour les passagers, avec poste de pilotage dégagé et lampe-phare à l’avant... Par contre l’engin faisait un tel tintamarre qu’un tube acoustique était nécessaire pour que pilote et chauffeur puissent se parler à distance... Quant aux mécaniciens, leur position debout, à l’arrière, était plutôt inconfortable...