L’HISTOIRE DE L’AVIATION – des origines à 1914
54

1913. Monoplan « monocoque » Deperdussin (France)

UN des titres de gloire du généreux pionnier DEPERDUSSIN fut d’avoir été le premier à réaliser l’avion aux lignes pures, préfiguration des appareils qui viendraient plus tard. Grandement aidé par l’ingénieur Béchereau – le futur créateur du fameux Spad de guerre et l’un des plus remarquables techniciens de l’aviation – DEPERDUSSIN construisit un fuselage mince, entièrement constitué de petites lattes collées côte à côte et superposées en couches. Ce fut le monocoque, c’est-à-dire le fuselage en forme de coque fermée, sans châssis ou treillis de soutien. À cet étonnant fuselage, Béchereau attacha deux courtes ailes n’ayant guère plus de 9 m2 de surface et un train d’atterrissage aux montants soigneusement galbés ; le moteur était un gros Gnôme de 14 cylindres, développant la puissance (extraordinaire pour l’époque) de 160 CV ! Il y avait là de quoi exciter l’ironie des sceptiques. Ceux-ci voulaient bien admettre que l’appareil avancerait, mais ils ajoutaient : « En cas de panne de moteur, il planera comme un fer à repasser ! »... Mais DEPERDUSSIN inscrivit quand même deux de ses avions pour la Coupe Gordon-Bennet de 1913 : un devant être piloté par Védrines, l’autre par un nouveau venu, Maurice Prévost. Cette course se disputait sur le légendaire circuit de Reims et réunissait toutes les vedettes de l’époque en fait d’appareils et de pilotes. Contre toute attente, le jeune Prévost remporta la coupe à la moyenne assez effarante de 203 km/h., étant ainsi le premier homme au monde à avoir passé le cap des 200 km/h. Le vainqueur parcourut même un tour de plus que les vingt prévus, ayant oublié – au terme d’un de ses tours – d’effacer un des vingt traits de craie tracés sur son réservoir en guise de repères. Enfin, pour détruire la légende suivant laquelle le Deperdussin se comportait mal à faible allure, Prévost se paya le luxe supplémentaire d’atterrir hélice calée. À noter que la vitesse réalisée par le jeune pilote fut contestée par certains chronométreurs... qui n’en croyaient pas leur chronomètre. Vérifications faites, ils durent s’incliner !