L’HISTOIRE DE L’AVIATION – des origines à 1914
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1907. Monoplan « REP » (Robert Esnault-Pelterie) (France)

UN des derniers aviateurs à avoir volé en cette mémorable année 1907 fut le constructeur Robert ESNAULT-PELTERIE. S’il fut moins populaire que d’autres « as » français, c’est en raison de son éloignement de la capitale. En 1903, le bruit des exploits des frères Wright avait éveillé en lui l’ambition de construire lui-même un avion. Ce fut chose faite quatre ans plus tard. L’appareil dont ESNAULT-PELTERIE avait réalisé à la fois la carcasse, le moteur et l’hélice, rassemblait à peu près tous les éléments destinés à devenir classiques dans l’avenir : châssis métallique (en tubes de bicyclette), corps fuselé, ailes trapézoïdales, freins oléo-pneumatiques pour l’atterrissage, et surtout le « manche à balai ». Autre nouveauté : le moteur en éventail qu’ESNAULT-PELTERIE fut le premier à construire. Ce moteur, à nombre de cylindres impair, développait 36 CV pour soulever les 420 kilos de l’appareil, lequel avait 9,60 m. d’envergure et 7,86 m. de longueur. Installé à Buc, au sud-ouest de Paris, ESNAULT-PELTERIE essaya en octobre 1907 son appareil, qui révéla d’emblée de remarquables qualités. Il réussit un magnifique vol au cours duquel il atteignit une hauteur de 30 mètres, à laquelle nul n’était parvenu avant lui. L’année suivante, il renouvela cet exploit après un vol de 1.500 mètres de distance : vol qui faillit mal se terminer, ESNAULT-PELTERIE n’évitant l’accident que grâce au train d’atterrissage oléo-pneumatique dont son avion était le premier à être équipé. Ce type de train d’atterrissage « monotrace » était en avance de plus de quarante ans : les deux roues principales supportaient le poids, tandis que deux autres roues « de contact » étaient fixées à chaque bout d’aile. Celle-ci, très souple, était gauchissable grâce à des câbles placés sous le fuselage. Le Rep, comme tous les appareils futurs d’ESNAULT-PELTERIE, était peint en rouge vif : d’où son nom de Rep-rouge. Robert ESNAULT-PELTERIE qui, dès 1912, au cours d’une conférence sur l’astronautique, avait défini la vitesse de libération du champ de la pesanteur, fut l’un des hommes qui valurent à la France sa suprématie aérienne jusqu’en 1914 : il entra, en 1936, à l’Académie des Sciences de Paris.