L’HISTOIRE DE L’AVIATION – des origines à 1914
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1907. « La Libellule » de Blériot (France)

GRÂCE à sa fabrique de phares d’autos, Louis BLÉRIOT disposait de l’outillage nécessaire pour construire un avion en un temps record. Il battait largement les frères Voisin, dont pourtant la rapidité était grande ; mais BLÉRIOT avait déjà fait fortune en vendant ses phares, et ses capitaux avaient leur emploi tout trouvé dans la construction aéronautique. Après la fin de son « Canard », il ne tarda pas à mettre en chantier un nouvel appareil, le plus étrange qu’il réalisa jamais, mais aussi le plus remarquable par la clairvoyance que cet engin révélait chez son créateur. Terminé au début de juillet 1907, le type VI fut nommé La Libellule : sa forme inusitée, avec deux ailes en tandem d’envergure inégale, rappelait en effet ce gracieux insecte. Mesurant 7,50 m. d’envergure principale, 5,50 m. d’envergure secondaire et 6 m. de long, La Libellule, propulsée par un moteur « Antoinette » de 50 CV, comportait cette fois un train d’atterrissage suffisamment large et solide. Mais la plus importante des innovations résidait dans les stabilisateurs de bout d’ailes qui, s’ils n’étaient pas encore inversés, ouvraient pourtant la voie aux futurs « ailerons ». Autre curiosité : dans un souci d’allégement, BLÉRIOT avait construit l’appareil en bois et métal recouvert de papier verni. Enfin, toujours dans le même but de diminuer le poids, 1e gouvernail de profondeur avait été supprimé : le pilote rétablissait l’équilibre en se déplaçant d’avant en arrière et d’arrière en avant sur un siège à glissière, système plutôt original et qui supposait une fameuse gymnastique !... Le 11 juillet 1907, BLÉRIOT – qui s’était à son tour installé à Issy-les-Moulineaux, – parvenait à soulever La Libellule sur 25 mètres de distance ; puis, le 25, il en franchissait 150 ; enfin, le 17 septembre, il réussissait un beau vol de 184 mètres, atteignant 18 mètres de hauteur, mais à l’atterrissage... il brisait l’avion ! Le coup était dur, mais BLÉRIOT avait réalisé son rêve : il avait volé plus haut que quiconque en Europe. Il se sentait capable de gagner le prix Deutsch-Archdeacon de 50.000 francs-or. Toutefois, le vainqueur du « kilomètre en circuit fermé » allait être un autre que lui.