L’HISTOIRE DE L’AVIATION – des origines à 1914
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1906. Avion à flotteurs Voisin-Blériot (France)

LE premier homme à avoir eu l’idée d’utiliser l’eau comme surface de décollage et d’amerrissage d’un engin volant fut le Français Pénaud ; idée qui fut reprise plus tard par l’Autrichien Kress, dont l’échec ne devait toutefois point condamner le principe de l’avion « marin ». Un autre Français, le célèbre Gabriel VOISIN, ambitionnait lui aussi, au début du XXe siècle, de devenir le premier Européen volant. Très jeune, à l’insu d’un oncle sévère qui était son tuteur, il utilisait les réserves de draps de la maison pour réaliser avec son frère Charles des cerfs-volants et des planeurs du type Hargrave. Venu à Paris dans le but d’y faire carrière comme constructeur d’aéroplanes, il fabriqua plusieurs planeurs, qu’il essaya à Berck-Plage. C’est à cette époque qu’il se lia avec le fameux mécène Ernest Archdeacon, qu’il convertit à la formule de l’aéroplane à flotteurs, formule dont il avait, après Pénaud et Kress, entrevu les grandes possibilités d’avenir. À peine avait-il fourni à Archdeacon un planeur à flotteurs qu’il reçut commande, pour un appareil analogue, d’un autre enthousiaste : le constructeur de phares d’autos Louis BLÉRIOT. Le premier planeur livré à BLÉRIOT fut essayé sur la Seine, percuta l’eau et se brisa. Mais BLÉRIOT, nullement découragé, s’associa avec VOISIN pour construire un nouvel aéroplane à flotteurs, cette fois équipé d’un moteur. Celui-ci fut réalisé par Levavasseur. Il était excellent, mais hélas, lors des essais tentés, en 1906, sur le lac d’Enghien, l’hydravion ne parvint pas à décoller franchement et ne put faire que quelques bonds sans grand intérêt. La raison de cet insuccès tenait surtout à l’impossibilité où l’on était à l’époque de réaliser un moteur capable d’arracher un hydravion de l’eau à la vitesse suffisante : 60 km/h. au moins ! Ces expériences avaient eu pourtant l’avantage de mettre en présence des hommes tels qu’Archdeacon, Levavasseur, BLÉRIOT et VOISIN : grande équipe, qui allait former le noyau de l’aviation française, et même mondiale.