L’HISTOIRE DE L’AVIATION – des origines à 1914
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1894. Aéroplane de Maxim (Grande-Bretagne)

ENTOURÉ du plus grand secret, sans témoins officiels, le vol de Clément Ader n’avait pas été ébruité : les quelques hommes présents à Armainvilliers avaient d’ailleurs dû s’engager à se taire, et ils se turent. C’est un souci patriotique qui avait poussé le créateur de « L’Eole » à tant de mystère : il était conscient (déjà !) de la valeur militaire de l’avion et désirait donner à la France l’exclusivité de cette arme redoutable. Ignorant donc la prouesse d’Ader, les chercheurs de l’époque poursuivaient leurs travaux sur d’autres bases, la plupart péchant par manque d’audace et certains autres, au contraire, voyant trop grand. Dans cette seconde catégorie doit être rangé l’anglo-américain Hiram MAXIM, qui, après avoir conçu un tunnel aérodynamique lui permettant d’observer les réactions en vol d’une maquette, construisit un énorme appareil qui aurait certainement volé, si son constructeur ne s’était pas obstiné à... l’empêcher de voler. Il était muni de roues très pesantes posées sur des rails que l’aéroplane était censé ne pas quitter durant sa trajectoire... Pourtant, avec sa surface portante de 557 m2 et ses deux moteurs compound de 180 CV actionnant les hélices de 5,45 m. de diamètre, il offrait une charge au mètre de toile inférieure de moitié à celle de « L’Eole » d’Ader. Il pouvait donc très bien quitter le sol... et il le fit bien voir ! Lors du premier essai, l’aéroplane s’échappa des rails et décolla : voulant à toute force le ramener dans le droit chemin, MAXIM le fit piquer du nez, l’appareil percuta de l’avant et fut détérioré... Quelque temps plus tard, nouvelle expérience mais cette fois les roues étaient emprisonnées entre deux rails superposés, dont celui du dessus devait empêcher toute « élévation ». L’aéroplane fut maintenu un moment par les rails supérieurs, mais ensuite, dans un effort de soulèvement, il les brisa net, pointa du nez, pour finalement s’écraser dans un fantastique imbroglio de toile, de bois et de ferraille. Ainsi se termina une aventure qui avait coûté des millions !... D’autres hommes allaient venir, qui – eux – ne retiendraient pas leur envolée !