L’HISTOIRE DE L’AÉROSTATION – des origines à 1940
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1923. Dirigeable « Dixmude » (France)

LA France a une position privilégiée dans l’histoire du plus léger que l’air ; pendant plus d’un siècle, des dizaines et des dizaines de Français apportèrent leur contribution en vue d’études et d’expériences fondamentales pour la solution du problème majeur : celui de la dirigeabilité des ballons. Entre 1904 et 1914, la fabrication des dirigeables s’épanouit en France, et au cours de la Première Guerre mondiale, on ne compte pas moins d’une trentaine de modèles, toujours de type souple, qui furent produits dans les usines françaises et utilisés pendant la guerre. Pendant le conflit, les trente-sept dirigeables de l’équipement de la Marine française accomplirent 3 300 actions, pour un total de 16 000 h de vol. Ils attaquèrent au moins 60 sous-marins allemands et rendirent de précieux services pour la protection des convois. Tous les modèles français, sauf le Spiess construit en 1912 — expérimental — furent, comme nous l’avons dit, souples, jusqu’à ce que la France reçoive de l’Allemagne, entre 1920 et 1921, trois Zeppelin comme tribut de guerre le L-72, le LZ-113 et le petit Nordstern. L’attention des techniciens français se concentra particulièrement sur le L-72 qui avait une capacité de 70 000 m3 et avait été conçu par les Allemands pour bombarder New York par surprise. Rebaptisé Dixmude, le Zeppelin fut employé pour des actions de prestige. La première et la plus sensationnelle de toutes fut sans doute la circumnavigation au-dessus de l’Afrique, accomplie en septembre 1923 ; un parcours de 72 000 km sans escale, terminé en 118 h et 41 mn, record absolu de durée de vol. Moins de trois mois après, le 18 décembre 1923, le Dixmude partit pour une nouvelle mission, avec 50 personnes à son bord : 40 hommes d’équipage et 10 observateurs. Les deux premiers jours se déroulèrent sans incident ; le troisième, l’aéronef était au-dessus de la Tunisie. Puis une violente tempête se déchaîna, et le Dixmude disparut pour toujours. Quelques restes carbonisés retrouvés sur les côtes siciliennes accréditèrent l’hypothèse que l’aéronef avait été frappé par la foudre.