L’HISTOIRE DE L’AÉROSTATION – des origines à 1940
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1919. Dirigeable « R-34 » (Grande-Bretagne)

UNE fois la guerre finie, au printemps 1919, une sorte de « fièvre de l’Atlantique » opposa les engins de diverses nations. Des pilotes célèbres se disputaient le risque et l’honneur de la première traversée océanique et — soit dit en passant — également les 10 000 livres sterling offertes par le quotidien londonien Daily Mail au premier équipage qui réussirait à relier les deux continents. Il y avait entre autres quelques dirigeables qui, s’ils étaient hors concours pour le prix, n’en restaient pas moins acharnés à battre le record. Parmi eux, l’américain C-5 de type non rigide, l’allemand L-72 et l’anglais R-34. Le premier fut surpris par une tempête à Saint John’s de Terre-Neuve ; alors qu’il se préparait au grand saut, il fut arraché de ses amarres, et, privé de tout équipage, il disparut pour toujours dans l’Atlantique. Le L-72 fut retiré de la course pour des raisons d’opportunité. Restait donc le R-34, un dirigeable de 215 ni de long, reproduction fidèle de ceux utilisés par les Allemands pendant la guerre. L’agile vaisseau aérien, commandé par le Major G.-H. Scott, s’envola de la base de East-Fortune, en Écosse, le 2 juillet 1919, pour rejoindre directement New York. Quatre jours durant, obligé à plusieurs reprises d’arrêter ses moteurs atteints d’avaries légères pour les réparer en vol, le R-34 navigua. Le 5 juillet, pour éviter un violent orage au-dessus de la Nouvelle-Écosse, il fit un énorme détour et réussit à rejoindre Mineola, près de New York, où l’atterrissage fut dirigé de terre par le Major Pritchard qui avait sauté en parachute. Le R-34 avait ainsi terminé le premier la traversée de l’Atlantique d’est en ouest, parcourant 5 800 km en 108 h 12 mn, ce qui représentait aussi le record mondial de durée de vol. Quatre jours après, l’aéronef commençait son voyage de retour à Pulham, soit 5 500 km. L’ayant accompli en 74 h 02 mn, il apportait à la Grande-Bretagne un nouveau record.