L’HISTOIRE DE L’AÉROSTATION – des origines à 1940
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1902. Dirigeable « Pax » de Severo (Brésil)

LES succès du Brésilien Alberto Santos-Dumont et, sa victoire au prix Deutsch suscitèrent de grandes passions, non seulement en France, mais également au Brésil. Le gouvernement brésilien vota un prix substantiel en sa faveur, et dans les terres lointaines d’Amérique du Sud, Santos-Dumont devint un héros national. Un de ses éminents compatriotes, SEVERO, député au Parlement, gagné par l’enthousiasme, décida de suivre ses traces, en attachant lui aussi son nom à l’histoire de l’aéronautique. Sans perdre de temps, il étudia un modèle de dirigeable et en fignola personnellement l’équipement : à Paris, alors berceau des grandes entreprises aéronautiques de l’époque. À première vue, son aéronef n’était pas ce qu’on peut appeler un modèle de beauté ; il était même plutôt laid et ventru, d’allure gauche à cause de la forme ramassée de l’enveloppe, qui avait un volume impressionnant de 2 000 m3. La partie la plus intéressante de l’aérostat était pourtant la petite nacelle qui s’insérait ingénieusement dans l’enveloppe de soie gommée pour porter deux grandes hélices de direction, l’une en proue et l’autre en poupe. Le Pax était muni de deux moteurs Buchet, l’un de 16 ch à l’avant, l’autre de 23 ch à l’arrière ; ceci fut hélas le piège qui allait coûter la vie au constructeur et à son mécanicien Saché. Sans tenir compte de l’énorme quantité d’hydrogène emmagasinée dans son dirigeable, le Brésilien fit installer les moteurs beaucoup trop près de l’enveloppe, préparant ainsi de ses propres mains la catastrophe. Le matin du 12 mai 1902, à Vaugirard, un quartier de Paris, le mastodonte trapu s’éleva de la terre, avec à son bord Severo et son mécanicien Saché. Le Pax survola Paris pendant un quart d’heure environ, salué par les grands gestes des Parisiens admiratifs. Mais la joie se transforma en horreur quand la foule vit tout à coup s’allumer dans le ciel un horrible brasier. Le dirigeable avait explosé ! Les corps des deux malheureux furent recueillis, sans vie, avec les débris métalliques du Pax, sur la chaussée de l’avenue du Maine.