L’HISTOIRE DE L’AÉROSTATION – des origines à 1940
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1901. Dirigeable Santos-Dumont V (France)

AU début du siècle, un passionné de vol, Henri Deutsch de la Meurthe, un des plus riches représentants de l’Aéro-Club de Paris, institua un prix de cent mille francs-or destiné à celui qui serait capable de parcourir en 30 minutes un circuit idéal de Saint-Cloud à la Tour Eiffel aller et retour : 11 km environ. Dans les milieux techniques et sportifs, on insinua que Monsieur Deutsch avait placé son argent en sûreté en fondant le prix sur une entreprise " impossible ". Santos-Dumont ne dit rien et décida simplement de gagner. Et il commença à transformer son dirigeable no 1 qui devint ainsi le Santos-Dumont V. D’une longueur de 33 m, d’un diamètre de 6 m, d’un volume de 622 m3, la nouvelle machine volante était étudiée de façon à opposer le minimum de résistance à la progression. Le moteur, un quatre cylindres de 16 ch, fut mis au centre de la quille, tandis que la nacelle était située vers la proue. A l’aube du 12 juillet 1901, Santos-Dumont essaya le numéro V en secret, et à son retour, il convoqua les juges du prix Deutsch en annonçant que le lendemain matin il tenterait l’épreuve. Épreuve qui faillit se terminer en catastrophe. Après plusieurs difficultés, le dirigeable finit sur la cime d’un châtaignier et son pilote en réchappa une fois encore par miracle. Mais la catastrophe arriva, plus grave et plus effrayante cette fois, trois semaines plus tard, à la seconde tentative du circuit. Une fois les dégâts réparés, Santos-Dumont, ayant reconvoqué le jury du Prix, partit gaiement de Saint-Cloud et, en neuf minutes, il avait dépassé la Tour Eiffel. Une immense foule de Parisiens l’acclamaient déjà en vainqueur, quand sur le chemin du retour, une forte fuite d’hydrogène entraîna une rapide perte d’altitude. L’appareil vint s’échouer sur un immeuble de l’avenue Henri-Martin où l’enveloppe se déchira. Personne ne s’attendait à ce que le pilote fût encore vivant, mais l’incroyable était une nouvelle fois arrivé ! L’intrépide Brésilien attendait les secours, pendu à la grille d’une petite fenêtre, à une hauteur de trente mètres, où il avait réussi à s’agripper.