L’HISTOIRE DE L’AÉROSTATION – des origines à 1940
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1883. Dirigeable électrique Tissandier (France)

GASTON TISSANDIER était un homme plein de génie ; né le 21 novembre 1843, licencié en chimie, il était déjà, à 21 ans, le directeur du plus important laboratoire d’analyses de Paris. Mais comme son frère Albert, qui était alors un architecte de talent, Gaston Tissandier préféra l’aéronautique, ce qui lui servit également pour ses études, de météorologie. Les deux frères effectuèrent ensemble de nombreuses ascensions à des fins scientifiques ; en 1870, pendant la guerre, ils réussirent à sortir de la capitale assiégée en se servant d’un sphérique. On leur doit l’invention du premier dirigeable propulsé par un moteur électrique. C’était une construction de 28 m de long, d’un diamètre de 9,20 m et d’un volume de 1.060 m3. Une dynamo Siemens d’un poids de 55 kg, alimentée par 24 éléments de piles au bichromate de potassium, développait une force motrice d’un cheval et demi, Tissandier accomplit sa première ascension le 8 octobre 1883. Il partit des ateliers d’Auteuil, survola le Bois de Boulogne et atterrit vingt minutes plus tard à Croissy-sur-Seine. L’année suivante, le 26 octobre, le dirigeable reprit son vol, piloté encore une fois par ses inventeurs ; il vola pendant deux heures sans pouvoir remonter le vent et se limita seulement à quelques évolutions. Ce fut son dernier vol : il manquait d’empennage stabilisateur. Gaston Tissandier reste particulièrement célèbre pour deux ascensions spectaculaires dont l’une se termina tragiquement, hélas. C’est en compagnie du journaliste Croce-Spinelli, un homme d’une trentaine d’années passionné d’aéronautique, et de l’officier de marine Sivel, que le 23 mars 1875 à bord du ballon Zénith, il battit tous les records de durée, restant en vol libre pendant vingt-trois, heures consécutives. Trois semaines après, le 15 avril, le ballon Zénith battait un autre record, mais à quel prix ! Parti à midi de La Villette, à Paris, après avoir atteint 8 600 m d’altitude, Croce-Spinelli et Sivel trouvèrent la mort par manque d’oxygène ! Seul Gaston Tissandier en sortit indemne. Le premier voyage de Tissandier avait eu lieu à Calais le 16 août 1868.