L’HISTOIRE DE L’AÉROSTATION – des origines à 1940
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1852. Dirigeable « Le Précurseur » de Jullien (France)

EXISTE-t-il au monde une profession plus sédentaire et moins aventureuse que celle de l’horloger ’ Pensez-y un moment ; pensez à cet artisan patient, habile, persévérant ; penché de longues heures sur son travail : assis sur son siège, la loupe sur l’’il, il reste occupé à manipuler avec une extrême précaution des instruments minuscules. Et pourtant, ce véritable moine qui passe ses journées presque immobile, dans la concentration d’un travail minutieux, possède souvent, peut-être par naturelle compensation, une imagination débordante. C’est cela qui lui vaut de se bercer d’illusions splendides et de concevoir des moyens surprenants pour voyager, par l’esprit, vers des terres lointaines. Celui qui a lu le volume de cette série dédiée aux origines de l’aviation (Album Tintin raconte L’Histoire de l’aviation, des origines à 1914), se rappelle peut-être le nom de cet horloger : Victor Tatin. Mais avant lui, un autre de ses collègues avait, lui aussi, contribué par une imagination productive au développement du « plus léger que l’air ». Ce fut Pierre JULLIEN, un autre horloger parisien, qui, en 1852, conçut la propulsion mécanique appliquée aux moyens aériens ; il réalisa de petits modèles volants qui, même s’ils n’accomplirent pas de véritables vols, se soulevèrent de la piste de l’hippodrome de Paris. Il s’agissait ni plus ni moins de véritables petits chefs-d’’uvre d’ingéniosité aérostatique. Julien s’était déjà exercé en expérimentant des corps fuselés en forme de poisson, qu’il lançait dans l’eau pour en étudier la capacité de pénétration. Il passa ensuite aux aéromobiles et construisit enfin le « Précurseur » représenté ici : un aéronef qui, par sa forme de poisson, avait un dessin tout à fait valable du point de vue aérodynamique. L’innovation intéressante du modèle de Jullien était la construction de gouvernails de direction et de profondeur, placés en poupe du modèle. Les créations aériennes de Pierre Jullien, comme on l’a déjà dit, ne volèrent jamais. Mais celui-ci n’en resta pas moins un précurseur et, comme tel, mérite le souvenir et le respect de la postérité.