L’HISTOIRE DE L’AÉROSTATION – des origines à 1940
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1785. Ballon « Comte d’Artois » (France)

DEUX ans à peine après l’enthousiasmante aventure des frères Montgolfier avec leur ballon à air chaud, le vol en aérostat était déjà devenu une manie, une passion, voire une " maladie ". Cela frappait un peu tout le monde, mais surtout les classes les plus aisées et les jeunes de la noblesse, anxieux de se risquer dans des aventures qui avaient encore le charme de l’inédit, et d’éprouver des émotions inconnues. Nous avons déjà raconté l’aventure de Louis-Philippe d’orléans. Mais d’autres personnages de noble lignage cultivaient également, toutefois avec la plus grande prudence, la même passion. Parmi ceux-ci, il faut citer un Bourbon : Charles, Comte d’Artois, frère cadet de Louis XVIII et son successeur au trône de France sous le nom de Charles X de 1824 à 1830. Mais en 1785, le Comte d’Artois n’était encore qu’un jeune gentilhomme qui s’intéressait aux aérostats. C’était une année où les expériences enthousiastes ne manquaient pas. Les Français n’avaient donc aucun besoin de se rappeler les triomphes d’autrui pour augmenter leur passion. Beaucoup de courageux ascensionnistes accomplissaient des expériences singulières et celui qui ne pouvait se permettre d’avoir un ballon à lui, entrait dans une combinaison associative, comme celle imaginée par MM. Alban et Vallet, constructeurs du ballon sous les auspices du Comte d’Artois, qui permit qu’il portât ses armes et son nom. L’aérostat reproduit sur le dessin est le produit de cette initiative : un certain nombre de souscripteurs avait contribué à sa construction en achetant ainsi le droit d’accomplir des ascensions libres. D’autres encore l’utilisèrent pour accomplir des ascensions captives, c’est-à-dire avec le ballon libéré dans l’air mais ancré à terre par une solide corde. Que l’on remarque l’étrange forme de cet élégant appareil, décoré des armes du Comte d’Artois. Avec ces grandes hélices qui se détachent de chaque côté de la nacelle, les constructeurs, obtinrent d’appréciables manoeuvres à condition d’être dans le lit du vent.