L’HISTOIRE DE L’AÉROSTATION – des origines à 1940
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1782. La machine volante de Blanchard (France)

LES grandes inventions humaines doivent toujours beaucoup aux idéalistes, car ils ont souvent l’opiniâtre persévérance de ceux qui sont sûrs de leurs propres intuitions. Naturellement, celles-ci ne correspondent pas toujours à la vérité scientifique mais, lorsque l’idée de départ n’est pas pure folie, vous pouvez être certains que l’intuition de l’idéaliste sera réalisée. François BLANCHARD était certainement l’un des plus courageux, et il avait de surcroît le don de l’invention. Le but de sa vie — qui fut également la cause indirecte de sa mort — était de construire une machine capable de s’élever et de se diriger dans les airs. À dire vrai, toutes ses intuitions ne donnèrent pas les résultats qu’il en attendait, mais l’aide qu’il apporta à l’aérostation fut considérable. Né aux Andelys en 1753, fils d’un modeste artisan, Blanchard montra des dons précoces pour la mécanique ; on raconte qu’à seize ans, il avait construit une voiture sans chevaux. Malheureusement, il ne reste aucune trace de ce prototype ingénieux. Mais, comme nous l’avons dit, tous ses rêves convergeaient vers une machine volante. C’est dans ce but qu’il imagina une sorte de vaisseau aérien muni, d’un gouvernail et de six ailes longues et larges de trois mètres. Encouragé par d’autres personnes, Blanchard se décida à accomplir une tentative de vol en public avec son engin ; le 5 mai 1782 il le présenta au cours d’une conférence mais ne put effectuer aucune évolution utile. À la même époque, il essaya un hélicoptère avec lequel il obtint un allégement certain. Mais alors que l’inventeur étudiait la façon d’améliorer son « vaisseau », la grande nouvelle éclata ; les frères Montgolfier avaient inventé le ballon aérostatique ! Et l’ingénieux fils d’artisan se jeta, sur cette piste nouvelle, essayant de perfectionner l’appareil des Montgolfier en y ajoutant des ailes mobiles, dans l’espoir que celles-ci auraient le même effet dans l’air que les rames dans l’eau. Les ailes de Blanchard ne donnèrent pas de résultats appréciables, mais ces expériences, même négatives, ont toujours une influence sur les progrès de l’humanité.